Parution de Fabula LHT n°32 – La littérature avant la lettre : l’album pour enfants devant la théorie littéraire

L’Intru a le plaisir d’annoncer la parution du n°32 (octobre 2024) de la revue de théorie littérature Fabula LhT, co-dirigé par Cécile Boulaire (Université de Tours / Intru) et Dominique Perrin (univ. Lyon 1-INSPE / laboratoire MARGE, univ. Lyon 3), et intitulé La littérature avant la lettre : l’album pour enfants devant la théorie littéraire. [english translation below]

Fabula n°32, octobre 2024, “La littérature avant la lettre : l’album pour enfants devant la théorie littéraire”, dir. Dominique Perrin et Cécile Boulaire, en ligne. DOI : https://doi.org/10.58282/lht.4319.

Si les études francophones et anglophones sur l’album sont aujourd’hui solidement instituées, c’est ici la première fois qu’une revue de théorie générale se consacre à la littérature texte-image adressée aux (très) jeunes lecteurs, en vue de l’intégrer à une pensée actualisée du littéraire – en veillant à rechercher un équilibre entre effort de théorisation et mise en lumière de corpus représentatifs, transcendant l’analyse d’œuvres singulières et/ou dotées d’une forte légitimité symbolique.

Le dossier présenté confronte les outils et questionnements de la théorie littéraire aux spécificités de l’album pour enfants, et réciproquement. Depuis un siècle et demi, les albums placent les enfants en position de lecteurs. Un vaste répertoire poétique, narratif et fictionnel s’offre à leurs pratiques singulières d’appropriation – orales, visuelles et collaboratives. Les inventeurs de l’album ouvrent un champ nouveau, pour la création comme pour la lecture : ils reprennent au livre illustré les jeux sur la mise en page et la matérialité, mais s’en émancipent en inventant un autre rapport texte-image, tout en poursuivant les traditions millénaires de la comptine, du conte et de la fable.

Quels fonctionnements pratiques et poétiques caractérisent l’objet nommé « album » en français, « Bilderbuch » en allemand, « picturebook » (souvent en un seul mot aujourd’hui) en anglais ? Que peut-on restituer des conditions historiques de son avènement ? Dans quelle mesure peut-on penser la littérature en albums et l’activité de (très) jeunes lecteurs avec les outils de la théorie générale – et quels sont les effets possibles de ce déplacement sur les outils conceptuels et l’épistémologie de la littérature ?

Les articles explorent les effets de dévoilement, de friction et de dénaturalisation qu’engendre l’intégration de la littérature en albums au champ théorique général, sous un faisceau d’angles fondamentaux : modalités et fonctions de la lecture (Perrin), genres éditorial et littéraire, rapport texte-image (Fièvre), statuts et fonctions de la narration, du rythme et de la voix (Boulaire), de l’intertextualité (Beauvais), de la métaphore (Tellier), des scénographies énonciatives (Brügger), liens à la tradition narrative orale (Dumont, De Croix et Dufays), rapport à la « postmodernité » et aux apprentissages (Quet). Une place importante est faite à la perspective historique (Fièvre pour une histoire générale de l’objet, Perrin, Boulaire pour une insertion dans l’histoire des cultures orale et écrite occidentales, Quet pour une histoire récente centrée sur les usages scolaires), ainsi qu’aux données actuelles de la recherche en sciences humaines et du développement (Boulaire, Beauvais). La description d’un sous-genre emblématique du champ et de sa solidarité avec la tradition orale est associée à l’analyse de données de réception (Dumont, De Croix, Dufays sur le « conte en randonnée »). Enfin, les deux derniers textes rendent compte de réflexions menées directement du point de vue de la création (Gavarry, Sendak).

Le dossier associé d’Acta fabula rend compte des grandes directions d’une recherche à caractère internationalisé:

Cécile Boulaire, Dominique Perrin (dir.), La littérature avant la lettre : l’album pour enfants devant la théorie littéraire, Dossier de recension des études francophones et internationales sur l’album, Revue Acta fabula, dossier n° 80, vol. 25, n° 9, 2024, en ligne: https://www.fabula.org/revue/sommaire18614.php

Ce dossier, associé au 32^e numéro de Fabula LhT, rend compte d’un ensemble d’ouvrages et d’un article de synthèse récents touchant aux études francophones et anglophones sur l’album. Leur diversité d’approches permet de réinscrire l’objet dans la globalité de ses dimensions, prises dans une histoire collective et épistémologique complexe : objet matériel susceptible de circulations, élément de l’éducation de l’enfant, artefact qu’on est amené à lire, production graphique, enjeu de théorisation à caractère nécessairement interdisciplinaire enfin.

Le dossier met en lumière la complémentarité des modes de pensée anglophone et francophone touchant à la constitution d’un champ incluant la réflexion sur la littérature, l’enfance et le politique. La recension de travaux historicisants consacrés à des productions européennes, soviétiques et indiennes souligne plus largement l’intérêt d’une appréhension pluraliste d’un domaine de recherche caractérisé par de puissantes dynamiques d’internationalisation. Il souhaite procurer un aperçu actualisé et contextualisé des études francophones et internationales sur l’album à un public d’étudiants et de professionnels en littérature, éducation, médiation et santé bien sûr, mais aussi plus généralement en sciences humaines et sociales et en sciences de la cognition et du développement.

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Fabula LhT n°32, October 2024: “Literature before its time: children’s picturebooks and literary theory“, dir. Dominique Perrin (univ. Lyon 1-INSPE, laboratoire MARGE, univ. Lyon 3) & Cécile Boulaire (univ. de Tours, laboratoire INTRU), online. DOI : https://doi.org/10.58282/lht.4319.

While French- and English-language studies on children’s picturebooks are now firmly established, this is the first time that a general theory journal has devoted itself to text-image literature aimed at (very) young readers, with a view to integrating it into an up-to-date approach to literary thought – taking care to strike a balance between theorising and highlighting representative bodies of work, transcending the analysis of singular works and/or those endowed with strong symbolic legitimacy.

The dossier presented compares the tools and questions of literary theory with the specific features of children’s picturebooks, and vice versa. For a century and a half, children have been reading picturebooks. A vast poetic, narrative and fictional repertoire is available for them to appropriate in their own way – orally, visually and collaboratively. The inventors of the picturebook are opening up a new field, both for creation and for reading: they take from the illustrated book the play on layout and materiality, but free themselves from it by inventing a different text-image relationship, while continuing the age-old traditions of nursery rhymes, fairy tales and fables.

What practical and poetic functions characterise the object known as an “album” in French, a “Bilderbuch” in German, a “picturebook” (often a single word today) in English? What can we say about the historical conditions of its advent? To what extent can we think about “literature in picturebooks” and the activity of (very) young readers using the tools of general theory – and what are the possible effects of this shift on the conceptual tools and epistemology of literature?

The articles explore the effects of unveiling, friction and denaturalisation generated by the integration of picturebooks into the general theoretical field, from a number of fundamental angles: modalities and functions of reading (Perrin), editorial and literary genres, text-image relationship (Fièvre), status and functions of narration, rhythm and voice (Boulaire), intertextuality (Beauvais), metaphor (Tellier), enunciative scenographies (Brügger), links to the oral narrative tradition (Dumont, De Croix and Dufays), relationship to ‘postmodernity’ and learning (Quet). Much attention is paid to the historical perspective (Fièvre for a general history of the object, Perrin, Boulaire for an insertion into the history of Western oral and written cultures, Quet for a recent history centred on uses in schools), as well as to current data from research in the humanities and development sciences (Boulaire, Beauvais). The description of a sub-genre emblematic of the field and its solidarity with the oral tradition is combined with an analysis of reception data (Dumont, De Croix, Dufays on the ‘cumulative tale’). Finally, the last two texts report on reflections carried out directly from the point of view of creation (Gavarry, Sendak).

The associated dossier in Acta fabula gives an account of the main directions taken by research of an international nature:

Acta Fabula, n° 80, vol. 25 n° 9, 2024, “Literature before its time: children’s picturebooks and literary theory”, dir. Cécile Boulaire (univ. de Tours, laboratoire INTRU) & Dominique Perrin (univ. Lyon 1-INSPE, laboratoire MARGE, univ. Lyon 3), online: https://www.fabula.org/revue/sommaire18614.php

This dossier, associated with the 32nd issue of Fabula LhT, reports on a series of recent books and a review article on French- and English-language picturebook studies. The diversity of their approaches makes it possible to reintegrate the object in all its dimensions, taken from a complex collective and epistemological history: a material object liable to be circulated, an element in children’s education, an artefact that we are led to read, a graphic production, and a theorising issue of a necessarily interdisciplinary nature.
The dossier highlights the complementarity of Anglophone and Francophone modes of thought in the constitution of a field that includes reflection on literature, childhood and politics. The review of historicising works devoted to European, Soviet and Indian productions more broadly highlights the value of a pluralist approach to a field of research characterised by powerful dynamics of internationalisation.
It wishes to provide an updated and contextualized overview of French-speaking and international studies on the picturebook to an audience of students and professionals in literature, education, mediation and health of course, but also more generally in the human and social sciences and in the sciences of cognition and development.

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