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“L’art au prisme de sa pratique” 2024-2025

“L’art au prisme de sa pratique” 2024-2025

Tailleurs d’images est un collectif de recherche fondé par l’ergonome et artiste Pierre Rabardel en 2017. Il réunit des artistes et des chercheurs qui réfléchissent aux modalités de rencontres avec l’art, les artistes et les œuvres. Il s’est progressivement déplacé vers une réflexion portant sur les méthodes de la création artistique. 

Ce séminaire a pour objet d’ouvrir ce nouveau pan de la recherche en proposant  d’observer le geste artistique et les collaborations artistes-chercheurs au prisme de la pensée esthétique et de l’ergonomie développementale. Par leur regards croisés, les théoriciens et praticiens cherchent à considérer ces expériences processuelles ou formelles dans leurs dimensions à la fois pragmatiques et plastiques. L’enjeu est de comprendre et expérimenter le potentiel d’activation de pratiques artistiques contemporaines, et notamment photographiques. Quels sont les moyens et les enjeux du passage à l’acte photographique/ artistique ? 

Coordination
  • Anne Bationo-Tillon, professeure ordinaire en éducation numérique, HEP Vaud Lausanne, chercheure en ergonomie associée à l’équipe C3U-Paragraphe, Paris 8
  • Raphaële Bertho, maîtresse de conférences en Arts, Université de Tours, laboratoire InTRu
  • Arno Gisinger, professeur des universités en Arts, département photographie, Paris 8, Unité de recherche AIAC
Calendrier

Les séminaires se tiendront en ligne uniquement, sur Teams et sur invitation (contacter raphale.bertho:a:gmail.com)

  • Lundi 25 novembre 2024, 9 – 12 h 

Anne Bationo présente l’ouvrage collaboratif “En quête d’images”

Arno Gisinger présente l’ouvrage HK.

  • Lundi 20 janvier 2025, 9 – 12 h

 “Les bulletins nuls des élections présidentielles” par Leïla Pereira

Leïla Pereira est une artiste française dont la pratique interroge le rapport que nous entretenons au réel et à l’ordinaire à travers le geste, l’image photographique et le texte. Elle est diplômée de l’ENSP d’Arles en 2014 et poursuit actuellement ses recherches à Lille et Paris. Elle est actuellement inscrite en Doctorat à l’Université de Paris 8. Elle présentera son projet de thèse qui porte sur les bulletins nuls des élections présidentielles : “Ces petits objets de papier constituent une matière anonyme et hétérogène, à collecter, interroger
et restituer. À travers leur étude, je cherche à inventer un dispositif de réflexion et de mise partage de la matière. Je cherche à inventer des outils de fiction, une “forme-archive”,
territoire du micro, composé de textes et de photographies, composé de papiers imprimés, pliés, cousus… Une matière proliférante, comme l’est mon objet d’étude. Il s’agit d’interroger les petites formes de protestation, presque invisibles, il s’agit de valoriser les micro-gestes et leurs capacités émancipatrices.”

« Quel est votre rapport intime au travail » par Marielsa Niels (artiste photographe), Anne Bationo Tillon (professeure à la HEP et chercheuse en ergonomie), Muriel Prevot Caprentier (philosophe, enseignante-chercheuse en ergonomie)

Ce projet d’enquête-création à la croisée de la photographie et de l’ergonomie cherche à explorer la conception de dispositif pour ouvrir à de nouvelles approches sensibles de l’activité de travail.  Les photographies qui en résultent sont des fenêtre sensibles vers l’activité de travail salariée, bénévole, domestique, informelle, etc.  Regarder autrui en travailleur.se, c’est aussi se regarder soi, appréhender davantage l’ambivalence de notre rapport au travail entre résonance et vulnérabilités, entre identité professionnelle et dimension intime de l’activité.

  • Lundi 17 mars 2025, 9 – 12 h
“De l’anthropologie en case : faire de la recherche en bande dessinée” par Anaïs Bloch
Anaïs Bloch est artiste, dessinatrice et chercheuse. Elle travail depuis 2016 à la Haute école d’art et de design de Genève et depuis 2023 à la Haute école pédagogique du canton de Vaud sur différent projets de recherche à la croisée de l’anthropologie et des cultures numériques explorant les modes de production de connaissances avec une approche de recherche-création. Elle fait partie du collectif La Bûche, un fanzine d’autrice.s de bande dessinée de la la SCAA, l’association professionnelle des auteur.ice.s de bande dessinée suisses, et fait partie des résident.e.s permanent.e.s aux Ateliers de Bellevaux à Lausanne.
Depuis une quinzaine d’années, l’intérêt des anthropologues pour le dessin ne cesse de grandir. Si les outils graphiques accompagnaient déjà les ethnographes aux origines de la discipline, cette pratique connaît aujourd’hui un renouveau, envisagé à la fois comme un mode d’inscription, une méthode d’analyse et un mode de communication (Tondeur, 2018). Dans le cadre de sa thèse, qui porte sur une pédagogie de la panne et du réemploi d’objets numériques et électroniques en fin de vie (smartphones, ordinateurs, consoles de jeu, etc.), Anaïs appréhende et explore le terrain d’enquête par le dessin, et plus particulièrement par la bande dessinée. Lors de la séance, il s’agira d’examiner plusieurs planches issues de ce travail de recherche-création en bande dessinée afin de questionner non seulement la place de l’image mais aussi la juxtaposition du texte et de l’image dans une séquence. Plus largement, la présentation permettra d’alimenter la discussion sur les modes d’écriture alternatifs en sciences sociales.
“Une attention au monde plus qu’humain : tentatives vers un regard désanthropocentré”  par Maxime Riché
Maxime Riché est artiste-chercheur et photographe français. Par une approche qu’il qualifie de « documentaire spéculatif », il rompt avec les allures d’objectivité du medium et explore l’insistance des possibles afin de suggérer les choix qui se présentent à nous et que nous devrons opérer. Ses travaux, en mettant l’accent sur l’expérience sensible de la matière de ses sujets, proposent une réflexion sur le paysage, les corps et à travers eux, notre relation à nos lieux de vie.

Actuellement doctorant en recherche et création à CY Cergy Paris Université/ENSAPC, il s’appuie dans le cadre de sa recherche sur le concept de « zone critique »  en géosciences : pour prendre soin de cette zone fragile, les scientifiques appellent de leurs vœux depuis des décennies la contribution des artistes. Par l’exemple d’une des plus anciennes forêts européennes, une hêtraie qui s’étendait jadis sur tout le continent européen, Maxime observe comment faire émerger des modes de représentations qui permettent à chacun de faire sien les enjeux liés à l’habitabilité de la zone critique. Ce faisant, il étudie également quel peut être le rôle de l’artiste-chercheur dans ce processus, afin de décaler le regard contemporain sur ces espaces et leur rouvrir une place sensible dans nos imaginaires.

  • Lundi 12 mai 2025, 9 – 12 h

« De l’image latente à l’image plastique : représentations du singulier dans le collectif » par Lula Wyss Le Brocq

Lula Wyss Le Brocq est une artiste franco-anglaise dont les recherches portent sur les formes expérimentales de représentation qui conjurent la fixation de l’image et de l’identité. Issue d’un double parcours philosophique et artistique (à Paris 8), elle tente, à partir de ces formes de représentation qu’elle qualifie de plastiques (d’après le concept de plasticité développé par Catherine Malabou), de penser les différentes façons dont le sujet « bricole » sa consistance face à des situations fusionnelles. Travaillant ces dernières années sur les situations fusionnelles que peuvent être le couple (2002) et la famille (2023), elle se penche maintenant sur la communauté à l’occasion de la préparation d’une thèse sous la direction d’Arno Gisinger et Catherine Malabou.

Son travail Arrière-pays (2002-2022) (2025), présenté à l’exposition Linéaments, Repenser la recherche en arts (à la Galerie Commune à Tourcoing, 25 avril au 6 mai 2025) initie une réflexion sur le maintien de la singularité dans le collectif. Une pellicule exposée puis oubliée par sa mère se retrouve entre ses mains 20 ans plus tard. La croyant vierge, elle prend des photos du collectif de vie et de recherche auquel elle participe. Portraits des participants, images de cabanes ou de paysages alentour, ces photographies développées en 2022 révèlent en superposition les photographies de son enfance restées latentes depuis 2002. Ce document lui servant de point de départ pour ses recherches actuelles, elle pose l’hypothèse de la latence de la singularité et de la plasticité de la communauté.

Comment repenser l’archive visuelle pour éclairer le futur ? De la commande à l’œuvre par Frédérique Daubal

Frédérique Daubal étudie aux Beaux-Arts de Toulouse avant de se spécialiser en communication visuelle, graphisme et photographie. Aux Arts Décoratifs de Strasbourg et à l’Université du Québec à Montréal, elle acquiert de nouvelles compétences pour œuvrer à la fabrique des images contemporaines. Basée successivement aux Pays-Bas, à Londres et à Paris, elle mène un travail de direction artistique pour des marques tout en intervenant dans des écoles d’art et en développant une expression visuelle personnelle. Le travail de Frédérique Daubal est tout à l’appropriationnisme et au détournement ludique. De façon quotidienne, des photos prises ou des images de magazine-livre passent entre ses mains pour acquérir une seconde vie. Découpage, apposition de matières et d’objets variés, peinture à l’encre noire sont autant d’opérations qui permettent de dé-figurer et re-figurer les visages contemporains diffusés sur papier glacé. Rephotographiée, sa combinatoire surréaliste, proche de l’écriture automatique, délivre un univers de trouvailles visuelles, à la fois sensuelles et caustiques. Son expérience multiculturelle et sa pratique éclectique la mènent à un travail plus conceptuel où la photographie devient matière à interroger notre culture visuelle ainsi que nos masques sociaux.

En 2024 Frédérique Daubal est sollicitée par Raphaële Bertho et Stéphanie Rivoire pour réaliser un travail de commande : il s’agit de créer des visuels pour le 4ème opus de la revue Transitions, les nouvelles Annales des ponts et chaussées co-dirigé par Nathalie Roseau et Bruno Tassin. Ce numéro pose la question des imaginaires des futurs socio-écologiques dans une moment où nous sommes “Au pied du mur”. En partant du constat que l’innovation technologique seule et l’idée d’un découplage entre l’intensité des activités humaines et leurs impacts terrestres ne suffiront pas à rendre compatible la vie avec les frontières planétaires, il s’agissait d’esquisser une forme d’”altervisualité” de l’empreinte anthropique, travaillée à partir du fonds ancien, notamment photographique, de l’École.
Frédérique Daubal s’est donc demandé comment saisir et comprendre l’histoire des P&C en se plongeant dans leurs archives visuelles et savoir en ressortir pour arriver à insuffler une nouvelle matière visuelle, qui soutien une remise en question portée par des chercheurs et scientifiques afin d’envisager un futur diffèrent. Écouter, voir, comprendre, chercher, choisir, réagir, composer, interagir avec chercheurs, ingénieurs, créer… et passer de la commande éditoriale à la réalisation d’une oeuvre autonome.

Historique du projet Tailleurs d’images

Entre 2017 et 2020 le collectif Tailleurs d’images est composé de

  • Anne Bationo-Tillon, chercheure en ergonomie HDR associée au laboratoire Paragraphe -équipe C3U à l’université Paris 8.
  • Alain Bernardini, artiste plasticien, professeur associé (PAST) au département Photographie et Art contemporain à l’université Paris 8, juré de la commission du CNAP « La photographie documentaire contemporaine ».
  • Raphaële Bertho est maîtresse de conférences en Arts à l’Université de Tours et directrice du laboratoire InTRu (EA 6301). 
  • Loïc Chambon. Responsable des relations avec les artistes, de la coordination des expositions et des projets hors les murs au sein de la galerie d’art contemporain Michel Rein pendant dix ans, manager indépendant d’artistes plasticiens français et étrangers.
  • William Gaye, photographe, artiste plasticien, régisseur, Ingénieur chimiste. Scénographe pour la galerie du Leica Store Paris.
  • Arno Gisinger, artiste photographe et enseignant-chercheur (MCF) à l’Université Paris 8.
  • Claire Kueny, critique d’art et docteure en histoire et théorie de l’art. Enseignante contractuelle et membre de l’équipe de recherche EPHA à l’Université Paris 8. 
  • Karim Lamine, titulaire d’un Master 2 Arts et Sciences de l’art à l’université Paris I (2016). Artiste plasticien, il est régisseur technique de la Galerie Perrotin à Paris.
  • Hadrien Picot artiste plasticien, prépare un doctorat (Institut Acte, Paris 1 Panthéon Sorbonne).
  • Pierre Rabardel, Professeur des universités en retraite (ergonomie et psychologie), artiste plasticien.

En 2018 une “expo-action” de préfiguration est organisée au 6B : Voir le dossier de presse de l’exposition.

Entre 2019-2020 le projet “Tailleurs d’images: Nouvelles voies d’expériences artistiques, quels espaces, quelles pratiques pour quels territoires ?” financé par la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord en collaboration avec les laboratoires AIAC (Arts des images et art contemporain) et Paragraphe de l’Université Paris 8 et en partenariat avec le 6b, Fabrique d’art et de culture (Saint-Denis).

“Ce projet vise à explorer et mettre en œuvre des chemins inédits d’expériences artistiques dans une perspective de recherche-action participative. Par expériences artistiques nous entendons des expérimentations proposées par des artistes qui elles-mêmes ont pour vocation de se propager, se partager et résonner à l’échelle du territoire. Il s’agit ici d’interroger le rôle social et politique de la création à travers la rencontre entre des habitants d’un territoire du nord-est parisien (les dionysiens, les habitants de Plaine commune), des associations de ce même territoire (par exemple des associations d’alphabétisation qui oeuvrent auprès de migrants économiques et politiques qui ont une expérience vécue de la migration, des frontières), une institution artistique et culturelle (le 6B) par l’entremise de démarches artistiques et d’oeuvres d’art.

Son ancrage conceptuel dans le champ de l’ergonomie et de l’éducation populaire constitue une position novatrice dans le paysage des recherches sur la médiation culturelle, puisqu’elle s’attache à documenter l’activité réelle du maillage d’acteurs ainsi qu’à identifier les déterminants favorables et défavorables à la mise en espace, à la rencontre avec les oeuvres d’art. À ce titre, le projet s’inscrit dans la dynamique évolutive de la médiation culturelle qui, après s’être longtemps préoccupée de l’élargissement des publics, s’achemine vers une approche territoriale et citoyenne qui relie la dimension culturelle et artistique au développement des individus, des collectifs et du territoire dans une perspective d’éducation populaire où la circulation des hommes, des idées, des biens et des savoirs transforme les territoires.

Le projet poursuit une double finalité : la conception participative d’une exposition-action au 6B et à la MSH en 2019 ainsi que l’organisation d’un colloque scientifique international en 2020 à la MSH Paris Nord.

Avec le soutien de l’EUR Artec, le projet de recherche s’articule avec un dispositif pédagogique hybride (atelier-laboratoire) impliquant des étudiants de master ergonomie et photographie de l’université Paris 8 et d’histoire de l’art de l’Université de Tours.